
Intelligence, cognition et évolution des capacités mentales humaines
par bernard.vuilleumier
Stephen Wolfram se demande ce que pourrait accomplir un cerveau plus grand et comment cela pourrait affecter nos capacités à traiter des informations, à comprendre le monde et à interagir avec d’autres intelligences (humaines ou artificielles).

Dans l’article What If We Had Bigger Brains ? Imagining Minds beyond Ours, Stephen Wolfram défend plusieurs thèses clés qui sont liées à l’intelligence, la cognition, et l’évolution des capacités mentales humaines. Voici les idées principales abordées dans cet essai :
- 1. Capacités et limitations des cerveaux humains :
Wolfram commence par poser la question de savoir ce qui se passerait si les cerveaux humains étaient plus grands, en nombre de neurones et de connexions. Il note que la taille actuelle du cerveau humain (environ 100 milliards de neurones) permet la capacité de langage, la pensée complexe et la prise de décision. Mais que se passerait-il si notre cerveau était cent fois plus grand ou plus complexe ?
- 2. Le rôle des « poches de réductibilité computationnelle » :
Wolfram introduit le concept d’irréductibilité computationnelle, une idée selon laquelle il existe des phénomènes dans le monde naturel dont la dynamique ne peut pas être simplifiée sans exécuter chaque étape des calculs. Toutefois, les cerveaux (et, par extension, les systèmes neuronaux artificiels) parviennent à « sauter » ces étapes en exploitant des « poches de réductibilité », qui permettent de simplifier les calculs dans certaines situations. Wolfram suggère que des cerveaux plus grands pourraient être capables d’exploiter un plus grand nombre de ces poches, ce qui améliorerait leur capacité à traiter des informations complexes sans être submergés par l’irréductibilité.
- 3. Abstraction et langage :
Un autre point central de l’article est la question de l’abstraction et de son rôle dans la cognition humaine. Wolfram affirme que les cerveaux humains réduisent la complexité du monde en la représentant sous forme de concepts abstraits, qui peuvent être exprimés à travers le langage. Par exemple, le mot « roche » encapsule une large variété d’objets individuels sous un seul concept. Les plus grands cerveaux pourraient être capables de gérer plus de concepts, créant un vocabulaire plus riche et une compréhension plus détaillée du monde.
- 4. La relation entre taille du cerveau et structure du langage :
Wolfram explore également la façon dont un cerveau plus grand pourrait influencer le langage. Il postule qu’un cerveau plus vaste pourrait manipuler un plus grand nombre de concepts et utiliser un langage plus complexe et plus rapide, avec des mots représentant des idées plus spécifiques. Il fait un parallèle avec l’usage de « jargon » dans des domaines spécialisés, où des termes précis simplifient la communication, mais peuvent aussi rendre la communication moins flexible.
- 5. L’évolution des capacités cognitives avec des cerveaux plus grands :
Wolfram évoque des possibilités qualitativement nouvelles que des cerveaux de grande taille pourraient offrir. Il évoque la possibilité d’une structure sociale plus complexe, une compréhension plus approfondie de la réalité et un appréhension plus fine des relations causales et abstraites. À mesure que la taille du cerveau augmente, il est possible que des « structures sociales » et des abstractions plus avancées puissent émerger, permettant de créer des réseaux de connaissances plus sophistiqués.
- 6. L’influence de l’architecture neuronale sur la cognition :
Il remarque que la manière dont un cerveau ou un système neuronal est architecturé a une influence déterminante sur ses capacités. Les réseaux de neurones artificiels, par exemple, s’améliorent au fur et à mesure qu’ils sont agrandis, franchissant des seuils de compétence. Wolfram explore comment ces systèmes, qu’ils soient biologiques ou artificiels, peuvent « apprendre » et s’adapter, et comment un cerveau plus grand pourrait théoriquement dépasser les limitations actuelles en traitant des informations plus complexes.
- 7. Les limites de l’intelligence humaine et la quête de nouveaux concepts :
Enfin, Wolfram défend l’idée que l’intelligence humaine est limitée par la structure de notre cerveau actuel, et que la recherche de nouveaux concepts et la résolution de problèmes complexes reposent sur l’extension des réseaux de connaissances. Avec un cerveau plus grand, nous serions capables de traiter une plus grande variété de concepts et de concevoir des abstractions plus profondes.
En résumé, Stephen Wolfram se demande ce que pourrait accomplir un cerveau plus grand et comment cela pourrait affecter nos capacités à traiter des informations, à comprendre le monde et à interagir avec d’autres intelligences (humaines ou artificielles). Il explore ces idées à travers le prisme de la réduction computationnelle et de l’abstraction, tout en comparant les cerveaux humains et les réseaux neuronaux artificiels.